LĄŻEFFET ASTRONOMIQUE

 

Au début du XXème siècle, Milutin Milankovitch élabore une théorie. En observant les variations cycliques du climat durant le Quaternaire, il met cette alternance de périodes glaciaires et interglaciaires en relation avec les variations dĄŻinsolation reçue au niveau des hautes latitudes de lĄŻhémisphère nord. Selon cette théorie, les périodes de glaciation correspondraient aux périodes durant lesquelles le pôle nord reçoit un minimum de rayonnement solaire pendant la saison la plus chaude (été), de telle sorte que le rayonnement solaire soit insuffisant pour fondre la neige accumulée en hiver.

Trois paramètres astronomiques jouent un rôle important dans le calcul de la distribution saisonnière et en latitudes de cette insolation : lĄŻexcentricité, lĄŻobliquité de lĄŻaxe de rotation de la Terre et la précession des équinoxes.

Excentricité

La Terre décrit dans lĄŻespace une ellipse dont le Soleil occupe un des foyers. On appelle excentricité dĄŻune ellipse la mesure du degré dĄŻaplatissement. Elle varie dĄŻune configuration presque circulaire à une valeur maximale de 6%. En effet, si aucun autre astre que le Soleil ne venait perturber la révolution de la Terre, son mouvement elliptique resterait inchangé au cours du temps. Or la Lune et les autres planètes du Système Solaire perturbent ce mouvement et tous les paramètres orbitaux ainsi que l'orientation de la Terre sont alors affectés et changent. Cette variation présente une pseudo-périodicité de lĄŻordre de 100 000 ans.

 

 

L'excentricité actuelle correspond à 1,67%. Partant des lois de la mécanique (attraction universelle et principe fondamental de la dynamique), les spécialistes de la mécanique céleste savent calculer et prévoir ces variations d'excentricité :  

 

LĄŻobliquité

Elle caractérise l'inclinaison de l'axe de la Terre par rapport à lĄŻécliptique. Par définition, c'est l'angle entre l'axe de rotation et la perpendiculaire au plan orbital (ou plan de l'écliptique) de la Terre. L'obliquité terrestre évolue aussi au cours du temps pour plusieurs raisons, notamment à cause des perturbations planétaires, l'inclinaison du plan orbital de la Terre évolue et oscille (elle est également liée à la précession climatique que nous détaillerons après).

LĄŻorientation de lĄŻaxe de la Terre est considérée comme fixe à lĄŻéchelle dĄŻune année (actuellement 23°27). Mais sur une échelle beaucoup plus grande, cette valeur varie de plus ou moins 1°30 avec une quasi périodicité de 41 000 ans. Lorsque lĄŻinclinaison de la Terre est maximale, les zones polaires interceptent dĄŻavantage de rayonnement solaire lorsquĄŻelles pointent vers le Soleil. Cette configuration conduit donc à des étés chauds et des hivers rigoureux aux hautes latitudes et correspondent aux climats interglaciaires avec un peu de glace sur les hautes latitudes des continents. Inversement, une diminution dĄŻinclinaison correspond à des étés moins chauds et des hivers moins froids, configuration qui permet le développement des calottes glaciaires continentales.

La précession climatique

On appelle précession des équinoxes lĄŻavance annuelle de lĄŻéquinoxe de printemps ( de lĄŻordre de 20 mn) due au déplacement de lĄŻaxe de rotation terrestre qui parcourt une surface conique en 25 000 ans. Elle provient de ce que le Terre nĄŻest pas parfaitement sphérique. LĄŻaction du Soleil, de la Lune et des autres planètes sur le bourrelet équatorial de la Terre provoque une rotation de son axe autour de la perpendiculaire au plan de son orbite (similaire au mouvement dĄŻune toupie) avec périodicité de 26 000 ans. En conséquence, à lĄŻéchelle géologique, le moment où, le pôle nord pointe vers le Soleil ne correspond pas toujours à la même position de la Terre sur son orbite ; en fait, le point vernal qui définit le début du printemps se déplace dans le plan de lĄŻorbite. (AujourdĄŻhui la Terre est loin du Soleil en juillet et près en décembre. Il y a 11 000 ans, la Terre était loin du Soleil en décembre (dĄŻoù les hivers plus froids) et près du Soleil en juillet (dĄŻoù les étés plus chauds). Nous étions en plein c©«ur de la dernière déglaciation.

En lĄŻabsence de toute autre perturbation naturelle ou anthropique, le modèle basé sur la théorie astronomique prévoit que le refroidissement commencé il y a 6000 ans se poursuivra encore pendant 5000 ans avant que le climat ne sĄŻéchauffe légèrement pour plonger ensuite vers des conditions glaciaires dĄŻici 60 000 ans environ. Cependant les activités humaines ne sont pas négligeables et sont à prendre en considération. En effet elles perturbent lĄŻéquilibre en augmentant le taux de CO2 atmosphérique et pourraient perturber les prévisions (assez variables : entre +2° et +4° dĄŻici 2100).

 

 

Les mécanismes amplififateurs

Contrairement aux variations de l'inclinaison et de la précession des équinoxes qui ne font varier que la répartition saisonnière de l'insolation aux différentes latitudes, les variations de l'excentricité modifient la distance moyenne de la Terre au Soleil. Sur une année, la Terre reçoit moins d 'énergie lorsqu'elle décrit une orbite circulaire.

L'impact sur l'insolation reste cependant très modeste. Les variations sont de l'ordre de 0,1% ce qui entraîne une variation de la température moyenne du globe de quelques dixièmes de degrés. LĄŻeffet astronomique ne suffit donc pas à expliquer lĄŻalternance des périodes glaciaires et interglaciaires. DĄŻautres facteurs sont à prendre en compte, notamment lĄŻalbédo et lĄŻeffet de serre.

1-LĄŻinfluence de lĄŻalbédo

On appelle albédo le rapport entre lĄŻénergie que réfléchit un objet et lĄŻénergie quĄŻil reçoit. Ce pourcentage dépend de la longueur dĄŻonde du rayonnement reçu : par exemple, un végétal chlorophyllien absorbe la lumière rouge mais réfléchit la lumière verte. Plus une surface est réfléchissante, moins elle sĄŻéchauffe.

Lors dĄŻune période de glaciation, il y a une expansion des calottes glaciaires au niveau des pôles. Or lĄŻalbédo de la neige et des glaces de mer est très élevé (entre 60 et 90%). La quantité de lumière réfléchie est alors plus élevée durant cette période, et la baisse de température induite par lĄŻeffet astronomique est donc amplifiée. A lĄŻinverse, quand les glaces fondent lors des périodes de réchauffement, lĄŻalbédo de la mer qui est très faible favorise un réchauffement de la Terre.

2-Influence de lĄŻeffet de serre

 LĄŻeffet de serre est également un facteur amplificateur qui vient se combiner aux autres. Celui-ci est produit par certains gaz tel que le CO2 qui absorbe le rayonnement infrarouge quĄŻémet la Terre chauffée par le Soleil. Cela empêche la fuite de chaleur vers lĄŻespace et par conséquent, maintient la température de lĄŻair près du sol à une valeur élevée.

LĄŻanalyse des glaces de Vostok montre une forte corrélation entre la température et le taux de CO2 (et autres gaz à effet de serre) des bulles dĄŻair fossiles .

 

Une expérience simple permet de montrer quĄŻil existe en fait un échange de gaz entre lĄŻeau et lĄŻatmosphère dont le taux varie en fonction de la température :

 

 

De la même manière, lors dĄŻun réchauffement climatique (plus grande insolation) la solubilité du CO2 dans lĄŻeau des océans diminue : le CO2 gazeux libéré diffuse alors dĄŻavantage vers lĄŻatmosphère, ce qui augmente lĄŻeffet de serre ; le réchauffement climatique est ainsi amplifié.