LES GLACES POLAIRES : UN ENREGISTREMENT DES VARIATIONS CLIMATIQUES

 

La neige constitue un assemblage très aéré de cristaux. En sĄŻaccumulant, elle se tasse peu à peu sous lĄŻeffet de son propre poids et finit par former de la glace compacte : les pores de neige se ferment et des échantillons de lĄŻair ambiant au moment de la chute de neige  se retrouvent emprisonnées.

Le principe de superposition, qui dit que toute formation située géométriquement au dessus dĄŻune autre est plus récente, nous permet dĄŻétudier les variations de la composition de lĄŻair au cours du temps. Ces études sont possibles grâce à des forages réalisées dans les calottes polaires et les glaciers de montagne. Le carottage le plus profond a été réalisé en Antarctique : les chercheurs ont pu atteindre une couche située à 3,5 km vieille de près de 420 000 ans.

LĄŻanalyse de ces bulles dĄŻair emprisonnées nous révèle les taux de gaz à effet de serre (tels que  le CO2 ou le CH4) au moment de la chute de neige, et nous permet ainsi de retracer les variations de températures des époques passées.

Des isotopes stables de la glace servent également de paléo-thermomètres : lĄŻélément oxygène existe sous deux formes isotopiques : 16O et 18O. LĄŻeau est donc un mélange de molécules H216O (99,8%) et de molécules H218O (0,2%). On appelle „ä18O le rapport suivant :

„ä18O = (18O /16Ode lĄŻeau de la glace -18O /16Omoyen des océans) /(18O /16Omoyen des océans)

On étudie ce rapport en sachant que 18O est un isotope plus lourd que le 16O. Lorsque lĄŻeau se condense, la molécule dĄŻeau contenant lĄŻisotope lourd se condense plus rapidement que celle qui contient lĄŻoxygène léger. Dans un nuage, plus il fait froid, plus la quantité d'H2O lourde qui se condense est importante. Lors de précipitations, le nuage va donc plus ou moins sĄŻappauvrir en 18O en fonction de la température atmosphérique (les molécules  18O vont tomber dans les océans). Ce même nuage va migrer vers les pôles : la température y étant beaucoup plus basse, on y trouvera des précipitations sous forme de neige. Celle-ci contient un certain taux de 18O et de 16O, et cĄŻest à partir de ces mesures que nous allons pouvoir déterminer le „ä18O et la température atmosphérique à un instant  t.

Les recherches portent aussi sur le deutérium, un isotope lourd de lĄŻhydrogène dont le comportement lors du cycle de lĄŻeau est similaire à celui de 18O (comme dans le cas de lĄŻisotope 18O, on définit „äD en rapportant le rapport D / 1H à la teneur moyenne en D des océans).